Sappho (en grec ancien Σαπφώ) est une poétesse grecque de l’antiquité. Elle a vécu dans les années 600 avant JC sur l’île de Lesbos à Mytilène. Elle a été exilée en Sicile vers 596 mais en 595, soit un an plus tard, elle est revenue vivre à Lesbos. C’est à elle qu’on doit les mots lesbienne (dans le sens homosexuel et non comme habitant de l’île Lesbos) et saphisme. Avant d’être désignée par le mot lesbienne, les femmes homosexuelles était appelée tribades.

 Dans l’antiquité, il existait des groupes de jeunes filles. Sappho leur enseignait la musique. Ces cours étaient dédiés à Aphrodite et très riches en rites qui préparaient les jeunes filles au mariage. Des relations sexuelles entre Sappho et certaines des jeunes filles de son groupe sont probablement une forme rituelle qui se déroulait au moment où les jeunes filles quittaient le groupe. Ce genre de rite (pédérastie) existait aussi dans les groupes de jeunes hommes mais ils étaient destiné à préparer les jeunes à la vie adulte, et donc à leur rôle de citoyen.

Sappho préparait les jeunes filles au mariage mais elle ne voulait pas que ses filles soient comme les femmes antiques normales. «Nous avons les courtisanes en vue du plaisir, les concubines pour nous fournir les soins journaliers, les épouses pour qu’elles nous donnent des enfants légitimes et soient les gardiennes fidèles de notre intérieur». Les femmes n’étaient pas des citoyennes et n’avaient aucun droit dans la cité et les filles n’allaient pas à l’école. Sappho voulait leur éviter ca.

Dans ses poèmes, elle exprimait explicitement son amour pour les filles. Ça ne choquait pas ses contemporains mais ça attirait les moqueries des autres poètes. Le fait que ce soit une femme qui s'exprime est exceptionnel. Certains ont essayé de cacher l'homosexualité de la poétesse en inventant une relation amoureuse avec un dénommé Phaon ou avec Alcée ( poète célèbre qui vivait à Lesbos.).

 Il ne reste que quelques extraits de son œuvre retrouvés dans les poèmes d’autres auteurs. Sappho est connue surtout pour ses poésies amoureuses. C’est d’ailleurs à La déesse de l’amour, Aphrodite, qu’elle consacra son œuvre et sa vie.

 Voici le poème « Ode à Aphrodite ». Il a été retrouvé en entier.

 « Toi dont le trône est d'arc-en-ciel, immortelle Aphrodita, fille de Zeus, tisseuse de ruses, je te supplie de ne point dompter mon âme, ô Vénérable, par les angoisses et les détresses. Mais viens, si jamais, et plus d'une fois, entendant ma voix, tu l'as écoutée, et, quittant la maison de ton père, tu es venue, ayant attelé ton char d'or. Et c'était de beaux passereaux rapides qui te conduisaient. Autour de la terre sombre ils battaient des ailes, descendus du ciel à travers l'éther. Ils arrivèrent aussitôt, et toi, ô Bienheureuse, ayant souri de ton visage immortel, tu me demandas ce qui m'était advenu, et quelle faveur j'implorais, et ce que je désirais le plus dans mon âme insensée. « Quelle Persuasion veux-tu donc attirer vers ton amour ? Qui te traite injustement, Psappha* ? Car celle qui te fuit promptement te poursuivra, celle qui refuse tes présents t'en offrira, celle qui ne t'aime pas t'aimera promptement et même malgré elle. » Viens vers moi encore maintenant, et délivre-moi des cruels soucis, et tout ce que mon cœur veut accomplir, accomplis-le, et sois Toi-Même mon alliée. »— Traduction Renée Vivien, 1903.

*Sappho